
L’iran s’ouvre, mais la place est déjà prise
Radios et gazettes le clament: «L’Iran est à prendre». Economiquement parlant s’entend. La levée des sanctions internationales devant les garanties données par les Iraniens sur la non-confection d’une bombe atomique a donné des ailes aux espoirs de tous ceux qui exportent marchandises ou savoir-faire. (cliquer sur les images pour les agrandir)
Il ne s’agit donc pas d’équiper industrie et privés en partant de zéro. Certes, la modernisation des infrastructures est indispensable et les citoyens avides de nouveautés. Toutefois, dans l’optique de ce grand renouvellement, la place est déjà prise.
Car pendant que l’Occident fermait les vannes économiques presque complètement, l’Asie, elle, n’a jamais claqué la porte. Ainsi, le métro de Téhéran a-t-il été construit par un consortium chinois, comme de nombreuses usines dans le pays. Par ailleurs, la Saipa Pride, voiture du moment dans le pays, est construite en Iran sous licence du Coréen Kia. La vie de tous les jours fourmille de ces exemples.
Il y a donc fort à parier que ce marché ne sera pas aussi profitable et ouvert qu’on le dit aujourd’hui. Avide de ratrapper son retard, le pays se tournera sans doute en priorité vers ceux qui ont su l’accompagner dans son développement social et industriel lorsque le reste du monde se détournait de lui. Les firmes actives à l’international – et plus encore celles qui ne sont pas des géants de leur secteur – auront donc sans doute bien plus de mal que prévu à s’imposer.
Lire aussi : «Dix jours en Iran, photo-reportage dans un pays banni»
Plus profondément encore, la recherche et les grandes écoles occidentales étant restées dix ans durant fermées aux ressortissants iraniens, ceux-ci ont développé des relations privilégiées avec les instituts de formation technique asiatiques. Nombre d’ingénieurs iraniens sont ainsi formés en Inde. Il n’est pas rare, dans les familles, de se réunir autour de la télévision, branchée à un PC, pour se connecter via Skype avec un jeune fils parti étudier à Chennai ou Bombay.
Bien sûr, le lustre de l’Occident est encore assez éclatant pour que nos produits, nos technologies, notre culture se vendent avec bonheur dans les rues de Bandar Anzali et Isfahan. Par ailleurs, les impératifs géopolitiques du moment pourraient faire varier grandement les priorités économiques du régime.
Il n’en reste pas moins que l’Iran, un des acteurs massifs du Moyen-Orient, a infusé – et infuse encore – dans une dynamique économico-sociale venue d’Asie. Pour le dire très clairement, les Iraniens rouleront sans doute encore allemand, mais ce sera peut-être pour mieux se diriger vers l’est.
Vous trouverez en suivant ce lien l’intégralité du photo-reportage effectué en avril 2012 entre Téhéran, Bandar Anzali et Isfahan et dont quelques clichés ont été extraits pour illustrer cet article.